Dernière mise à jour : 24 août 2023

La Planète des singes : Oh mon Dieu... Ils l'ont fait ! Soyez maudits...
Dessin © Sud Ouest
Contrepoints, le nivellement par le haut22 juillet 2014FranceFrance

Les riverains d’éoliennes ne sont-ils pas des primates comme les autres ?

Étrangement, pour les écologistes, le principe de précaution ne semble plus devoir s’appliquer dès lors qu’il est question d’éoliennes…

Par Jean-Pierre Riou

La vallée des singes, parc animalier situé dans la Vienne, est menacée par l’implantation d’un parc éolien à moins de 2km. Son directeur menace de déménager ses 400 primates pour les protéger de l’impact des machines. Les élus locaux déplorent cette situation regrettable, tandis que le président du Conseil général, l’assure de « son soutien le plus total ».

Peu de maires ont, malheureusement, les moyens de déménager leurs administrés pour les protéger de pareille menace.

Mais que craint-on pour ces primates ? Certainement pas d’être découpés par les pales comme les 6 à 18 millions d’oiseaux et chauves souris, qui seraient victimes, chaque année, des seules éoliennes espagnoles, selon la dernière étude SEO Birdlife.

En revanche, la littérature médicale et vétérinaire relate, en effet, un certain nombre de pathologies imputées à la présence d’éoliennes. De graves pathologies ont été étudiées sur un élevage de chevaux lusitaniens, par M. Alves Pereira et N. Castelo Branco, spécialistes de la maladie vibro acoustique, en collaboration avec Teresa Margarida Pereira Costa e Curto dont le sujet était sa thèse vétérinaire. Les conclusions ne laissent aucun doute sur la responsabilité des éoliennes qui venaient d’être implantées à proximité. En tout état de cause l’étude avait été assez convaincante pour entraîner la décision de la Cour suprême portugaise de prononcer l’arrêt total des éoliennes en mai 2013.

Le Conseil mondial pour la nature rapporte une hécatombe survenue dans un élevage de visons danois, sitôt après l’implantation d’éoliennes non loin de là. Il décrit, en effet, un changement de comportement de ces animaux dès la mise en service des machines et 1600 fausses couches peu de temps après.

Qu’il s’agisse des primates, des chevaux, des visons, ou d’avifaune en voie de disparition, des intérêts considérables sont en jeu et semblent largement justifier les précautions prises.

Mais les riverains d’éoliennes ne sont-ils pas des primates comme les autres et ne mériteraient-ils pas quelque attention ? Le ministre de l’environnement danois Ida Auken avait bien reconnu (Berlingske du 09/10/2012) que l’impact sanitaire des éoliennes avait été sous évalué, et qu’entre 4% (en zone urbaine) et 11% (en zone rurale) des riverains étaient incommodés par les pulsations caractéristiques des éoliennes. Tandis que le professeur Moeller estime que la réalité est respectivement de 22% et 42% de la population qui se trouve affectée.

La sénatrice EELV H. Lipietz a courageusement posé au gouvernement la question de la pertinence de la distance réglementaire de 500m. Les témoignages des riverains sur le site de sa question attestent de la réalité du véritable calvaire qu’endurent certains d’entre eux.

Comment admettre alors le peu d’informations données sur l’état des connaissances actuelles de l’impact sanitaire des basses fréquences et infrasons des éoliennes dont le risque est pourtant reconnu depuis les études de Kelley en 1985 pour le département américain de l’énergie ?

Sur celui des champs magnétiques, des effets stroboscopiques, des projections de poussières lors du nettoyage par ponçage des pales ou même tout simplement du bruit, puisque les éoliennes jouissent désormais d’une dispense du code de santé publique en ce domaine, depuis l’arrêté du 26 aout 2011 qui les autorise à porter le bruit ambiant à 35dBA, au lieu de 30dBA dans le code de santé publique, sans que l’infraction soit constituée !

L’Académie de Médecine préconisait une distance de précaution de 1500m des habitations pour des éoliennes dont les plus hautes ne dépassaient pas 120m. Les projets de machines dépassant 180m sont désormais fréquents. On ne peut que regretter que la question de Mme Lipietz sur la pertinence des 500m ait été retirée (Mme Lipietz étant suppléante de Mme Bricq, la question a été retirée au moment du retour de celle-ci).

Et que penser des grands principes affichés en exergue de la politique énergétique nationale :

  • Préserver la santé humaine et l’environnement
  • Garantir la cohésion sociale et territoriale

Cohésion sociale sur laquelle il est inutile d’insister, tout riverain d’éoliennes ayant mesuré leur effet dévastateur dans ce domaine.

Principe de précaution

Le principe de précaution, inscrit dans notre constitution, n’est pas appliqué en matière de santé publique dès qu’il s’agit d’éoliennes. Pourtant, les propositions d’amendements, récemment votées par le Sénat, afin de le mettre en relation avec le principe d’innovation, n’ont rien enlevé de sa force et précisent même : « L’article 7 est complété par deux alinéas ainsi rédigés : « L’information du public et l’élaboration des décisions publiques s’appuient sur la diffusion des résultats de la recherche et le recours à une expertise scientifique indépendante et pluridisciplinaire ».

On peut craindre, hélas, que ces études ne soient pas toutes indépendantes. En tout état de cause, sur le plan de l’impact sanitaire, elles sont contradictoires.

Est-il préférable de risquer de pénaliser le lobby éolien en attendant un consensus scientifique, ou de risquer la multiplication des « troubles psychologiques et physiologiques irréversibles », dus aux éoliennes, tels que ceux dénoncés par la Cour suprême du Massachusetts en mai 2013 (p 3 du memorandum).

Ce 17 juin, le ministère de la Santé finlandais vient de rendre un rapport, demandant une distance minimum de 2 km, celle de 3km (2miles) s’étant même révélée notoirement insuffisante à Vaasa ou Raahe.

Ce rapport, téléchargeable dans la presse finlandaise, stipule, en conclusion : « Les acteurs du développement de l’énergie éolienne doivent comprendre qu’aucun objectif économique ou politique ne doit prévaloir sur le bien être et la santé des individus. »

En France, le principe de précaution a choisi son camp, ce n’est donc pas celui de la santé.